

À travers des yeux d’enfants et ceux de femmes de générations différentes, ce film nous révèle l’âme d’un petit village de la Haute Côte-Nord. Madame Kennedy entretient avec la forêt un lien vital : Diane, devant le trajet difficile de sa vie, relève la tête ; Cathy, à 18 ans, possède la lucidité mordante de celles qui ont eu à se battre. La force et la volonté de chacune se rejoignent chez Guylaine, la jeune soprano qui, tout au long du film, joue, chante et respire la joie de vivre.
Prix et nominations
- Rendez-vous du Cinéma québécois, Bourse Claude Jutra, meilleure cinéaste – 1996
- Meilleur film – Catégorie « Culture » – Hot Docs – 1996
- Finaliste au M. Joan Chalmers « Documentarian Award for Film and Video » – 1995
Sélection officielle
- Festival « Visions du réel », Nyon – 1996
Analyses / critiques
« On est loin dans ce film de toutes les vignettes sociologiques bien-pensantes et interchangeables qui affligent trop souvent la veine documentariste de notre cinéma. Il y a dans le rendu de la réalité brute que nous propose Lucie Lambert beaucoup plus que cela, à savoir l’ébauche d’une véritable dramaturgie du réel. Comme le suggère le beau titre énigmatique du film, Paysage sous les paupières tient en fait à la fois du voyage intérieur et de la traversée des apparences. (…)
Et le « Je veux vivre » de Gounod qui enveloppe les dernières séquences du film rappelle sans équivoque aucune à quel point le regard pudique et respectueux que Lucie Lambert pose sur le réel se nourrit d’une insatiable passion pour la vie. Et quand une telle passion et une telle curiosité de la réalité se doublent d’une haute idée du cinéma, le spectateur est comblé. »
Gérard Grugeau, 24 Images, no 80
Pour lire et télécharger le texte de Gérard Grugeau au complet cliquer ici.
« Progressivement, des paysages intérieurs prennent corps. Au leitmotiv du chant lyrique, voix céleste?, s’ajoutent les images récurrentes de petits enfants en train de jouer. Ni diables ni anges, ils se situent dans un état d’apesanteur, éprouvant dans les jeux auxquels ils s’adonnent les satisfactions immédiates à leur existence. Mais d’un point de vue plus général, le talent de Lucie Lambert consiste à esquisser une carte de mentalités et de représentations collectives qui à l’aune de ces femmes-là fait fond sur des interrogations tout à la fois graves et sereines. Comment comprendre son être-au-monde et garder pied entre adversités et temps fugaces de bonheur? La cinéaste n’a pas tant des réponses à apporter qu’une voie à proposer, donnant accès à de rares moments de ce cinéma du réel qui capte la parole intègre de gens du commun pour élaborer une sorte de poème en prose. Non pour élucider blessures et deuil mais afin de prendre le temps d’une réflexion lucide et engagée. »
Jean Perret, directeur artistique de « Visions du réel »
Fiche technique
16 mm, couleur, 63 minutes, 1995
Réalisation : Lucie Lambert
Production : Sylvain L’Espérance et Lucie Lambert
Avec
Les enfants de Portneuf-sur-Mer,
Guylaine Girard (soprano)
Maurice Laforêt (pianiste)
Diane O’Connor
Germaine Kennedy
Cathy Thibeault
Images
Serge Giguère
Son
Claude Beaugrand
Pierre Bertrand
Montage
René Roberge
Montage sonore
Esther Auger
Produit par Les films du tricycle